Ré adaptation de [Ces gens là – J.Brel]
D’abord il y a l’aîné
Lui qu’on ne comprend pas
Lui qui ne fait plus semblant
Lui qui sait plus son nom
Monsieur tellement qu’il écrit
Ou tellement qu’il travaille
Qui fait tout à la fois
Mais lui qui n’en peut plus
Lui qui est complètement cuit
Mais qui reste mon roi
Qui se torture toutes les nuits
Avec des idées noires
Mais qu’on retrouve matin
Admirant ses gamins
Cherchant la prochaine connerie
Qu’il pourra leur apprendre
Et puis qui s’fait engueuler
Par sa femme qui attend
Faut vous dire Monsieur
Que chez ce gars-là
On ne pense pas Monsieur
On ne pense pas, on joue
Et puis, il y a l’autre
Aussi tordue qu’son frère
Mais que j’aime tout autant
Qui s’montre grande gueule comme une teigne
Alors qu’elle donnerait sa chemise
A des pauvres gens heureux
Qui s’est marié comme une reine
Qui a fait deux enfants
Mais qui est toujours un enfant
Et que c’est pas fini
Qui essaye de se soigner
Avec ses vieux patients
Avec ses petites huiles
Avec sa petite psy
Qui devrait juste être elle même
Mais qui veut être « normale »
Faut pas jouer les faibles
Quand on a les moyens de donner l’exemple
Faut vous dire Monsieur
Que chez cette fille -là
On ne vit pas Monsieur
On ne vit pas, on essaye…
Et puis, il y a les autres
La mère qui ne dit rien
Qui est heureuse enfin
Mais du soir au matin
Elle se fait du souci
Et dans sa nouvelle maison
Il y a des souvenirs du passé
Qu’elle aurait dû laisser à la cave
Et qui regarde ses enfants
Mais ne dis toujours rien
A part des grands Pffff
A part des grands Pffff
Et puis il y a la toute p’tite
Qu’en finit pas de danser
Et qu’on a peur qu’elle grandisse
Car on va devoir parler
Mais moi j’lui parlerai
De ce qu’elle a fond d’elle
Faut vous dire Monsieur
Qu’avec cette fille là
On ne cause pas Monsieur
On ne cause pas, on admire
Et puis et puis
Et puis il y a ma Vie
Qui ne demande qu’à avancer
Et qui a mal commencé
Mais moi j’aime ma vie
Même que j’me dit souvent
Que j’aurai une maison
Avec des tas de fenêtres
Avec presque pas de murs
Et que j’vivrai dedans
Et qu’il fera bon y être
Et que si c’est pas sûr
C’est quand même peut-être
Parce que les autres veulent pas
Parce que tu ne voulais pas
Les autres ils disent comme ça
Qu’ce serait trop beau pour moi
Que je suis tout juste bonne
A vivre tes combats
Moi j’aime pas les combats
Ou alors c’était avant
Ou bien je veux oublier
Mais avec leurs textes j’peux pas
Avec leurs conversations j’peux pas
Parfois quand on se voit
Semblant que c’est pas exprès
Avec leurs yeux mouillants
Ils disent que t’es parti
Mais on ne t’a pas suivi
Alors pour un instant
Pour un instant seulement
Alors moi j’y crois Monsieur
Pour un instant
Pour un instant seulement
Parce que chez moi
Monsieur on ne fuit pas
On ne s’en va pas Monsieur
On ne fuit pas
Mais il est tard Monsieur
Il faut que je rentre chez moi
très joli texte Sandy, très touchant…
L’art d’écrire et d’être compris par ceux qui ont les mêmes proses au fond d’eux… Bravo !